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pourquoi de son succès auprès de Napoléon III ; c’est l’éternelle histoire d’Éléonore Galigaï et de Marie de Médicis : l’influence d’un esprit fort sur un esprit faible. Celui-là sait ce qu’il veut et il le veut bien, la politique hésitante de l’Empereur lui va comme un gant, et il la gardera en gardant le gant. Quoi ! ce Bismarck « a fait la conquête » de Mérimée, c’est Mérimée lui-même qui l’a dit. Ah ! si Mérimée savait ce que ce mot peut contenir !

« Le cercle qui se formait autour de M. de Bismarck a beaucoup ri des histoires des petites cours allemandes, et quand celui qui contait ces drôleries ajoutait : « Il faut les supprimer, » l’approbation était générale. Ah ! chère madame, lorsqu’on est Alsacien, qu’on suit la politique allemande comme je la suis, on craint des choses que je ne puis dire sans passer pour fou, et qui sont effrayantes comme menace pour l’avenir. Lisez cette lettre à Mérimée. Je le sais patriote. Peut-être laissera- t-elle en son esprit une inquiétude précieuse.

« Agréez, chère madame, etc.

« Nefftzer. »

J’écrivis à Mérimée de venir causer avec moi et de faire l’honneur a mon petit Bruyères de le visiter. Il me répondit :

« J’espérais pouvoir vous remercier de vive voix de tout le plaisir que m’a fait votre charmant petit volume, (je lui avais envoyé Mon