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« J’ai, continuait Ronchaud, le cœur navré comme s’il s’agissait d’un malheur personnel. Je vous écris avec des larmes plein les yeux ; la torture de Berlioz me fait mal, et vous me comprendrez toutes deux, vous qui aimez notre pauvre « Lucifer ».

« Ma chère païenne, ajoutait Ronchaud en s’adressant à moi, réjouissons-nous après nous être désolés. Ainsi va la vie ! Un traité, sachez-le, si la chose vous a échappé dans votre Thébaïde, vient de se conclure à Londres, par lequel l’Angleterre abandonne son protectorat sur les îles Ioniennes, qui vont être réunies à la Grèce. Vive l’Indépendance !

« Le premier volume du dictionnaire de Littré a paru. Avec cela on pourra écrire. L’auteur me charge de dire à Mme Juliette Lamber qu’il ne peut lui envoyer une telle « brochure », mais que son confrère de Mon Village aura le petit Littré. »

Nous causons tout un soir de Berlioz, Mme de Pierreclos et moi. Berlioz, pour qui l’a connu et compris, avait une nature primitive, douce et calme. C’est un fils de Virgile. Sa passion, sa violence, sont le fruit de l’éducation romantique outrancière qu’il se donna. Il cherchait ses inspirations dans Shakespeare, dans le Faust de Gœthe, dans Beethowen qui dépasse la mesure humaine, dans l’Enfer de Dante, dans les tortures d’Euridyce et d’Alceste. Comme artiste, c’est un impossibiliste ; il s’accroche à ce