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agressif ; il a des façons de pourfendre qui ne me vont pas. L’amusant est qu’à la lettre de Darimon, qui provoquait une réponse, était joint un article de Ferry, tout doux, tout doux. »

J’ai aperçu Pelletan cinq minutes. Ses yeux, sous la forêt de ses sourcils, brûlent d’un feu plus sombre à mesure que son espoir de vaincre est plus certain. Il faut l’entendre dire : « Je triompherai. » Je le vois à la Chambre ; il terrifiera la majorité avec son air tragique. Et dire qu’il est si bon ami, si dévoué, avec cette allure de carbonaro. Pelletan n’est pas une nature que l’aigreur, que l’envie, puissent frôler, malgré les luttes d’une vie de famille difficile — quatre enfants. — Mais sa haine de la tyrannie, l’amour passionné du peuple, le fanatisme de la liberté, en ont fait un indigné, un révolté, qu’un rien exaspère.

Jean Reynaud désire énormément le succès de Pelletan, et je crois qu’il y aide pour certains petits détails, certaines charges, qui seraient lourdes à Pelletan, déjà saigné par son amende, forcé qu’il a été de vendre sa bibliothèque pour la payer.

L’effervescence est à son comble le soir de l’élection du 31 mai, de la Bastille à la Madeleine. Dès les premiers résultats connus qui donnent une écrasante majorité à Ollivier, à Jules Favre, à Picard, à Darimon, les explosions de joie sont bruyantes, car, outre les par-