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sur le rôle de la femme à notre époque. J’imitai le mieux que je pus le style d’Alphonse Karr. Je lus mon brouillon à Pauline.

« Ah ! ah ! ah ! » faisait ma petite Alice.

Pauline déclara la lettre superbe, me la prit des mains et me la dicta solennellement, tandis que je la recopiais sur un mirifique papier.

Ayant relu une seconde fois « l’article », comme le baptisa Pauline, je le pliai avec amour dans une grande enveloppe cachetée d’un beau cachet au nom de Juliette, puis nous allâmes (ce mot ne peut être autre pour un tel acte), porter notre pli à la poste.

Les avons-nous comptées, Pauline et moi, les heures de ces huit jours ! Alphonse Karr parlerait-il de ma réponse ? Et, toute la semaine, quelles discussions sur les possibilités de ceci ou de cela !

J’avais rêvé de « myosotis » la nuit qui précédait le jour où les Bourdonnements paraissaient. Pour moi, c’était bon signe. Le 20 février 1856, Paris, en s’éveillant, allait-il lire un bout de prose de « Juliette » ?

Mais Pauline entre, pâle, se tenant à peine. Le Siècle tremble dans sa main.

« Elle y est, Juliette, elle y est tout entière !

— Tout entière ! »

Nous sommes là, nous regardant, chacune tenant un bout du journal. Nous prenons deux chaises que nous approchons l’une de l’autre, nous déplions le Siècle. Ma lettre y est bien