Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riodes amples, indéfinies même, tandis que l’écrivain sobre inflige des pauses, arrête le flot d’un mot. L’un, spiritualiste jusqu’aux envolées où nous ne pouvons le suivre, ni le docteur Maure, voltairien, ni moi, païenne ; l’autre, affreusement matérialiste, n’admettant le divin sous aucune forme, et ravi lorsqu’il se dit qu’il a fait crouler un échafaudage de l’au-delà.

Le docteur Maure surnomme Cousin « le Philosophe » ; Mérimée l’appelle « l’orateur en Philosophie. »

Cousin eut pour moi quelque galanterie, quoique, prétende le malin docteur, il ne distingue pas plus les sexes aujourd’hui que le veau du faisan, les grandes dames du xviie siècle ayant accaparé dans la mort ses sentimentalités.

Ma fille déjà demandait à aller jouer.

Mme  Maure lui fit un petit panier de fruits et de gâteaux et l’envoya à ses amies.

À chaque instant le docteur Maure disait :

« Voyons Cousin, goûtez ceci, c’est tout simplement délicieux. Soyez présent une fois au moins. Si a^ous n’avez jamais aimé pour de vrai, mangez au moins une fois pour de vrai.

— Comment, il n’a jamais aimé pour de vrai, Lui ! Mais ne savez-vous pas qu’il est l’un des Lui de Mme  Collet ?

— Mérimée , reprit Cousin , vous êtes méchant et me dites des choses qui me sont pénibles.

— Bon, je les retire à regret, car il y avait là matière à gaudrioles.