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elle des hérédités ? Je la trouve sans cesse en extase devant le ciel, la mer et les « couleurs changeantes de l’Estérel ». Impossible de lui donner une leçon dehors. Ses yeux ne peuvent être ramenés à son livre.

Nous suivons Jean Reynaud dans ses longues promenades, toutes les deux, et l’on ne peut imaginer ce qu’il apprend à Alice. Rien ne l’amuse comme mon respect de la petite personnalité de ma fille. Je ne lui impose aucune de mes idées. Quand j’ai à lui enseigner quelque chose d’un peu élevé je lui dis : « Grand-père pense comme ceci, moi je pense comme cela ; toi, décide. Aie ton jugement personnel. »

La première fois que Jean Reynaud m’a entendue dire à Alice, qui a sept ans et demi : « Aie une opinion personnelle, » il est parti d’un fou rire et il allait commencer avec cette phrase une scie, quand mon regard suppliant l’a arrêté.

Tandis que ma fille cueillait des fleurs je lui dis :

« Plaisantez-moi tant que vous voudrez, mais pas devant elle. Songez qu’elle n’a que moi à respecter. »

Mme Jean Reynaud organise un déjeuner en plein air à la Napoule.

Le rendez-vous est, ou à la Bocca, ou à la Napoule, au pied de la vieille tour. Nous partons avec les provisions et les domestiques, quand arrivent du Cannet les Garnier-Pagès,