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Thouvenel vacille et oscille, me dit Hetzel, qui s’arrête à Chauny en venant de Bruxelles, où il a vu Victor Hugo depuis peu. Hetzel, ami de Bixio, rencontre souvent Nigra chez lui. Nigra prétend que les ministres sont des lâches, qu’ils savent la situation intenable en Italie et que cependant aucun d’eux n’aide à la détendre.

« Le prince Napoléon, dit Nigra, va répétant très haut que si la France reste à Rome, il est impossible que le gouvernement italien ne reprenne pas à son compte le mouvement créé par Garibaldi. Tout ce que fait la France, ajoute-t-il, donne raison à Garibaldi ; il n’y a entre lui et le gouvernement italien qu’une différence de procédés ; tous deux poursuivent le même but. »

Mme Émile Ollivier est morte en couches à Saint-Tropez. Tous les amis de Mme d’Agoult sont atterrés. Si forte, si belle, pauvre Blandine ! J’écris à ma grande amie : « Voulez-vous que j’aille où vous êtes ? » Elle me répond : « Je n’ai cessé d’être poursuivie par l’idée que Blandine était en danger. Ne venez pas, mon enfant. Je refuse d’être consolée. Le coup est trop violent pour que je n’en reste pas anéantie pendant de longs jours. Vouloir réagir en ce moment serait plus cruel que de m’abandonner à mon chagrin. »

Quand je revis Mme d’Agoult, sa douleur avait encore quelque chose de farouche.