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je suis allée, en Italie, courir une aventure. Ma cousine reçoit le mercredi soir de chaque semaine, et je sais que depuis mon retour les aimables ragots sur ma conduite « plus que légère » s’augmentent chaque semaine d’une nouvelle affirmation.

Vers dix heures, j’entre, je ne salue personne et me place debout à la cheminée.

« Bonsoir, ma chère cousine, dis-je très haut, me voici en meilleur état que la veille du jour où je suis partie pour le Midi et où vous m’avez si amicalement assistée. On me rapporte que des méchants font courir sur moi de méchants bruits et clabaudent que je n’ai pas été malade, que je suis allée, non à Cannes, mais en Italie, filer un amour plus ou moins parfait. Vous êtes là, heureusement, cousine, pour affirmer à quel point vous m’avez vue en danger et si, parmi vos amis présents, il y en a qui n’ont pas voulu vous croire, je les prie de m’interroger. Je suis prête aux explications. »

Un silence profond succède à mes paroles. Je fixe particulièrement deux personnes, qu’on m’a dit être les plus acharnées contre moi, dont l’une est une amie de Mlle Clémence Royer. Elles se taisent comme les autres.

Vilbort, le premier se détache.

« Vous ne pouviez choisir d’autre maison que la nôtre, cousine, pour vous défendre, dit-il, sachant que notre parenté se double d’une solide amitié.