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— Legouvé et Maure y applaudiront, mais Jean Reynaud ne l’admettra pas.

— Que si !

— Que non !

Presque tous les soirs je reste à dîner à la Bocca et l’on me ramène. Tantôt c’est Jean Reynaud, tantôt l’un de ses vieux amis, un voisin qui part pour son cercle à neuf heures.

Mme  Jean Reynaud a la passion de son très joli jardin, s’en occupe et ne sort presque jamais. Jean Reynaud vient souvent me prendre l’après-midi, il adore la marche et nous nous promenons dans la montagne. Il aime à conter, j’aime à l’écouter. Mon Voyage autour du Grand Pin se fait à moitié dans ces conversations de la route.

Je désirais surtout que Jean Reynaud me parlât de sa scission avec le Père Enfantin, mais je n’osais l’interroger.

Cependant, un jour je lui raconte la démarche faite au nom d’Enfantin par mon futur tant aimé « Père » Arlès-Dufour et par Lambert-bey, pour m’offrir un banquet et me proclamer « la femme législateur ».

Nous étions dans la colline, au-dessus de sa villa, montant, moi derrière lui, un chemin assez raide. Il se retourne brusquement vers moi et me dit :

« Est-ce possible ? Arlès a osé vous demander ça ? De Lambert-bey rien ne m’étonne, c’est un esclave, mais du brave, du loyal Arlès,