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La distinction, l’amabilité fière, quelque chose d’enveloppant qui en fait un causeur, un lecteur, un écrivain à part de tous, telles sont les qualités premières qui apparaissent en Legouvé. Il semble que le charme domine en lui et qu’un peu de féminité s’y mêle ; eh bien, non ! ce charme vient, au contraire, d’une bonté voulue, d’une sûreté de jugement, d’une fidélité d’affection et de conviction qui en font un homme doux, sans nulle inquiétude de soi, bienveillant aux autres et en sérénité souriante. Nul n’a connu Legouvé sans l’estimer haut et sans l’aimer profondément. Il est bref en paroles, déteste la phraséologie. C’est la vérité faite homme.

Mme  Jean Reynaud et moi nous questionnons beaucoup Legouvé sur Mme  Ristori. Il nous parle avec enthousiasme de son talent et avec respect de son caractère.

Deux de ses collègues de l’Académie sont à Cannes : Prosper Mérimée et Victor Cousin, que Jean Reynaud ne voit pas à cause de ses opinions républicaines. Legouvé a du goût pour eux, malgré qu’il trouve l’un trop froid, trop sec, trop égoïste, et l’autre trop verbeux. Mais c’est à peine s’il le laisse entendre.

Jean Reynaud ne cesse de taquiner Legouvé sur son « extrême jeunesse ». Il est si alerte, si mince, sa dignité est si coquette !

C’est chez Legouvé que Jean Reynaud a connu Mme  Jean Reynaud. Il passait à Seine-