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J’ai fait mettre à la poste dans l’après-midi une lettre pour le docteur Maure à Grasse, une pour M. et Mme  Jean Reynaud.

Ils auront dès demain matin ma nouvelle adresse. C’est un coup d’état.

Les deux chambres et le salon du petit appartement sont en plein midi. Le soleil les envahit comme à Toulon. Plus de brume sur la mer. Le ciel est d’azur. Mes nouveaux amis ne viennent pas et je reçois d’eux des lettres sévères. Le jour suivant je vois Jean Reynaud qui me trouve « respirant la mer », la fenêtre ouverte.

Il me demande si c’est une manière de me suicider, si ma vie est à ce point mauvaise que je veux la quitter.

Je lui réponds sur mon petit carnet :

« Non, je désire vivre, pour les miens, pour mes amitiés, bienfaits des dieux, dont j’ai le culte et l’amour. »

Il hausse les épaules tristement et me quitte sans me dire adieu.

Je reçois durant les huit jours qui suivent des lettres dures de Gabarrus, d’Arlès-Dufour, d’Edmond Adam, de Mme  d’Agoult. Ni le docteur Maure ni M. et Mme  Jean Reynaud ne font prendre de mes nouvelles. Ils attendent, m’écrit le docteur Maure, que, repentante, je les appelle.

Le temps est splendide. Je passe toutes les heures du soleil couchée sur le sable au bord de la mer. Je sens d’abord des brûlures plus