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commence ainsi une lettre à Pelletan : « Mon cher ami, je cède la plume à mon père ; il vous dira mieux que moi, moins radicale que lui, à quel degré sa sympathie pour vous s’est accrue depuis qu’il a constaté qu’il pense comme vous de point en point. Jamais il ne s’est imaginé que sa pensée intérieure pouvait être formulée aussi superbement. »

Mme d’Agoult, revenue de Lupicin, m’écrit qu’elle s’ennuie de sa petite amie et qu’elle l’invite à venir, fin octobre, voir Alceste à l’Opéra. On convoquera Cabarrus, au cas où je m’évanouirais. Ronchaud n’avait pas manqué de lui conter par le menu nos émotions à Orphée et mon évanouissement.

« Je vous dois Alceste, ma chère enfant, ajoutait Mme d’Agoult, pour vous faire oublier Orphée aux Enfers, que vous m’avez tant de fois reproché. »

Entendre Alceste par Mme Viardot ! Il eût fallu que je sois aux antipodes pour ne pas accourir. Je ne passerai que huit jours à Paris, car je veux finir mes Récits d’une paysanne pour qu’ils puissent être tous publiés dans les revues et journaux et paraître au commencement de l’année prochaine, comme Hetzel le désire.

Nous sommes à l’Opéra, dans une baignoire, près de la sortie de l’orchestre. Tous ceux qui passent saluent Mme d’Agoult. Tout près de nous, Jules Simon, Challemel-Lacour, Edmond Adam. Mme d’Agoult me signale Che-