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comme nous l’appelons, qui se caractérise lui-même sous la rubrique de « l’homme étranger aux partis » est en secret un orléaniste. Son idéal serait un roi bonhomme et voltairien, bourgeois comme Louis-Philippe. Nul ne le soupçonne monarchiste. Il passera toute sa vie pour un républicain.

Cependant le Temps ne sera pas un ennemi de l’empire libéral, pas plus que la Presse, dirigée par Nefftzer, n’a été une ennemie du premier des sermentistes, d’Emile Ollivier. Pourtant Nefftzer n’irait pas à cette heure jusqu’à s’écrier, comme son protégé Ollivier : « Quant à moi, qui suis républicain, j’admirerai, j’appuierai de tout mon pouvoir, et mon appui sera d’autant plus efficace qu’il sera désintéressé, l’initiative libérale de l’empereur. »

La pléiade des collaborateurs du Temps est connue. Peu à peu, mes amis, anciens et nouveaux, y écrivent.

On dit de Nefftzer dans notre milieu : « Il est honnête homme autant qu’on peut l’être, un tantinet lourd d’imagination, sensé avant tout ; il ne deviendra jamais, quoi qu’il arrive, un foudre d’opposition. »

Très modéré, il ne tient qu’à une chose, à son opinion, mais il y tient ; elle n’est faite pour rien renverser, il entend donc pouvoir l’affirmer. Il est profondément libéral et tolérant, parce qu’il supporterait mal qu’on ne le fût pas envers lui.