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que j’en passe ! N’oublions pas cependant la troupe au complet des grandes cocodettes.

« Vous voyez la salle ; l’esprit qui y règne est inquiétant pour nous caraïbes, qui voulons du boucan, mais les abonnés de l’orchestre sont avec nous. Pensez donc, on a sacrifié le corps de ballet.

« Mme  de Metternich a la partition sur le bord de sa loge, son éventail est levé ; elle va conduire les applaudissements, attention !

« Niemann-Tannhauser entre, une lyre au bras. « Tiens, Orphée aux Enfers », dit quelqu’un. Nous, les caraïbes, nous profitons de ce mot entendu de toute la salle, pour rire très haut. Niemann est embarrassé ridiculement de sa lyre, dont il ne sait que faire. Tiens, voilà un pâtre avec son chalumeau : tu ! tu ! tu ! Où est la lyre ? La voilà ! Duo de la lyre et du chalumeau, le champêtre et le sacré ; ah ! vous entendez le hautbois ! Dieu, que c’est amusant ! on ne prend plus rien au sérieux.

« Mais, patatras ! on joue la marche, oh ! mais là, plus moyen de rire ; le beau est le beau. On applaudit, moi le second, cette diable de marche. Je la chante en vous écrivant, ta-ta-ta-ta-ta !

« Mme  de Metternich triomphe. Nous rageons.

« Tiens ! voilà des harpes, à présent. Pour un défilé d’instruments, c’est un défilé. Où est la lyre ? Où est le chalumeau ? où est le hautbois ?

La voilà, la lyre ! Niemann-Tannhauser