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vinrent passer tout un dimanche à Chauny. La journée fut très gaie, malgré le temps qui nous empêcha de sortir ; mais le salon était grand, on y causa avec esprit, on y mangea avec appétit « les bonnes choses grasses de province », comme disait Mme de Pierreclos, et le temps à passer ne sembla ennuyeux à personne. Texier nous y conta d’abord que Wagner était d’une ingratitude sans nom avec M. et Mme de Charnacé et avec nous tous, qui avions pris tant de peine pour le placement de ses billets de concert ; qu’il n’était allé faire de visites à personne parmi les républicains, qu’il rentrait à Paris comme protégé de Mme de Metternich et que son Tannhauser se répétait à l’Opéra par ordre de l’Empereur.

On savait l’ambassadrice d’Autriche « conseillère de genre et de tenue » de l’Impératrice, disait Texier, on ne la savait pas encore conseillère en art de Napoléon III. Elle, la très grande dame, fière d’appartenir à une cour dont on ne peut faire partie sans avoir pour le moins huit quartiers, donne à celle de France un air de café-concert. Lorsque des gens de son monde lui en font l’observation et lui demandent si elle admettrait ces façons « impériales » en Autriche, elle ne se trouble pas et répond :

« Il y a entre la Hofburg et les Tuileries la même distance qu’entre l’impératrice Elisabeth et Mlle de Montijo. »

« Mme de Metternich a deux tons, ajoutait