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semblait ne pas s’additionner. Combien de fois ai-je entendu dire : « Lisez donc l’article de Challemel, il est étonnant, il est superbe. » Mais combien plus rarement disait-on : « Challemel est un écrivain de premier ordre. » On le louait en détail seulement.

Il n’en était pas de même de Prévost-Paradol, très mondain, très recherché, très allant. Sa personnalité séduisante doublait l’admiration qu’on éprouvait pour ses écrits. Tous ceux qui parlaient d’un article de Paradol ajoutaient : « Quel talent ! il est unique, il n’y a que lui ! » Ses lettres au Courrier du Dimanche étaient, il est vrai, merveilleuses d’à-propos, de verve contenue, d’ironie enveloppée , de cruauté insaisissable dans le mot, qui mordaient sur le régime impérial comme un acide incolore et puissant. Il fallait collaborer avec lui, car les sous-entendus devenaient de plus en plus nombreux à mesure qu’on le suivait. On savait si bien ce qu’il voulait dire, à quoi il faisait allusion, ce qu’il cinglait ; lire Paradol, c’était explorer, et que de découvertes !

Lorsqu’en août 1858 M. de Césena avait transformé la Semaine Politique en Courrier du Dimanche, il ne prévoyait guère que son journal deviendrait une grande tribune libérale.

Edmond Texier, ses filles, Louis Jourdan, de Ronchaud, Mme  de Pierreclos, les Adam-Salomon, qui me laissèrent leur fille, amie de la mienne, et plusieurs autres de mes intimes