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pas dépourvu d’un certain fonds de vérité. Quel dommage que tu ne puisses creuser le sable et que tu t’amuses toujours à nous jeter à la tête les pelletées prises à la surface ; tu nous sauverais peut-être, car ton esprit clair entrevoit beaucoup de choses ; moi aussi, je m’inquiète de tous ces systèmes qui tendent à faire de chaque Français un enregistreur méthodique, un classificateur de n’importe quoi. Il y aura bientôt plus d’imbéciles savants que d’imbéciles ignorants. Trop de constatation. J’aimerais mieux qu’on plante la graine de ce qui peut être.

— Mais c’est la pire critique de Taine que tu fais là. Ton préféré songe bien plus à prouver qu’il y a de l’ivraie dans les moissons récoltées, qu’à semer le bon grain. Et moi, je suis, au fond surtout, pour le bon grain.

— Tiens, About, vois-tu, je sais bien pourquoi je t’aime, c’est qu’au travers de toutes tes goguenardises tu as tout à coup des paroles qui viennent droit de ton cœur. Ah ! tu es fameusement meilleur que tu ne le veux.

— Bravo, bravo ! répéta Jourdan, je vous aime tous les deux. Vous êtes des braves gens et des braves esprits ; c’est ce qu’il faut à cette heure à notre France. Vous venez l’un et l’autre de nous dire des choses qu’il faut dire et entendre. Allez, mes enfants, luttez et espérez. Les équilibres moraux se retrouvent toujours : ce qui n’empêche pas de foncer sur ceux qui nous déséquilibrent. Moi, je ne pardonnerai