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— Après, tu demanderas à Taine de te les remettre sur pied, tes poupées ! Toi qui l’admires de plus en plus, est-ce que tu trouves qu’il raccommode, lui ?

— Non, il sape beaucoup de choses, j’en conviens ; mais ce n’est pas un massacreur comme toi. Avec quelle méthode, avec quel scrupule il analyse un fait avant de le transformer en munition pour sa guerre.

— C’est vrai, il ne jette pas ses cassures au vent comme moi, reprit About ; il les amasse en petits tas, mais au demeurant il laisse intacts bien moins de croyances et d’enthousiasmes que moi.

— On peut toujours espérer que Taine à la fin des fins reconstruira, tandis que toi tu démolis pour démolir.

— Comment moi, le seul normalien, l’unique conservateur, qui accepte le gouvernement établi, je suis un démolisseur ! C’est un peu fort !

— C’est toi qui le démolis le plus volontiers, ton Empire. Est-ce que tu as jamais résisté à l’entraînement d’un mot ! Tu mourras dans la peau d’un révolutionnaire.

— Mais, malheureux, tu me calomnies outrageusement. Je suis un pilier de l’Empire… prochainement libéral. Est-ce que j’ai jamais dit, avec Taine, que je le subis « comme un mal nécessaire » ? Je suis attaché au lierre qui soutient l’Empire, au prince Napoléon. Et quel lierre. Il a la force et la puissance ; il a l’esprit,