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Mme Ackermann ne pousse guère l’élégance plus loin qu’une jardinière.

— Ce n’est pas la même chose : Mme Ackermann, comme elle le dit, est une petite bourgeoise, Mme Sand est du monde. Elle est bien née, elle n’a plus d’excuses, en vieillissant, de rester gamin. »

Je parlais d’autre chose dès que je le pouvais. Mme d’Agoult sentait bien que son opinion n’entamait pas la mienne. Elle me demanda un jour :

« Vous avez toujours votre faible pour elle ?

— Oui, dans la mesure de ma forte affection pour vous.

— Mais, qu’est-ce qui vous séduit particulièrement chez Mme Sand ?

— Son œuvre tout entière, dont la fécondité me fascine, et puis son amour des paysans, qu’elle aime comme je les aime.

— Moi, j’ai l’horreur du paysan, me dit Mme d’Agoult.

— Je ne le sais que trop, ma grande amie, puisque vous n’avez pas daigné m’écrire un seul mot sur Mon village.

— Il m’a intéressé, non comme type choisi, car je trouve le paysan rusé, avide, grossier, mais comme composition et comme style. Je compte vous en parler longuement ; moi, je n’aime que le peuple des villes. Je trouve, chez les ouvriers, des sentiments élevés et des clairvoyances, des générosités, que jamais vous ne rencontrez chez le paysan.