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moment, lui ne s’emporta. Il ordonne de dégrader un officier du ton dont il dit : « Faites ce compte. » Garibaldi a sur les gens une sorte d’influence surnaturelle. Je la subis, et ce n’est pas de l’admiration que j’ai pour lui, c’est un culte. On n’imagine pas ce qu’il faut de douceur, de patience, là où des hommes comme moi ont toutes les fureurs, toutes les violences, pour commander à des volontaires, à des gens toujours prêts à se battre, mais qui croient pouvoir se permettre de vous lâcher aussitôt, refusent de monter la garde, vous exposent à des surprises, etc.

« On me trouve brutal, barbare, cruel quelquefois, ajoutait Nino ; je n’ai jamais pu être autrement. Je ne suis pas sanguinaire par nature, mais souvent j’ai failli devenir fou en cherchant le moyen d’empêcher mes volontaires de déserter, de les entretenir d’armes, d’habits, de les nourrir. »

Devant Palerme, la bravoure de Nino Bixio fut telle que Garibaldi le nomma major général.

Un jour que je parlai du courage de Nino à son frère Alexandre Bixio, celui-ci me répondit avec calme :

« Parbleu, je l’ai habitué à n’avoir aucune peur. Quand il était tout enfant je le tenais, de notre balcon, suspendu par un pied, au-dessus d’une rue de Gênes. »