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jouée à Weimar avec grand succès, se montra profondément touché de la joie de ses amis, et je me rappelle que Charles Edmond nous parla du véritable « bonheur » de Gounod à la nouvelle de ce succès.

« Enfin, disait Gounod, dont la première de Philémon et Baucis venait d’être applaudie par un public désireux de lui faire oublier le peu de succès des premières représentations de Faust, enfin voilà notre maître à tous compris. Il ne parlera plus maintenant, avec une douleur de supplicié, de l’horrible « exécution » de sa Damnation à l’Opéra-Comique. »

Discuté, défendu, « éreinté », Wagner n’en avait pas moins pris sa place à Paris, et comme c’était dans un milieu républicain et libéral, le monde des lettres et des arts, tout entier anti-impérialiste, était prêt à faire plutôt bon accueil aux œuvres futures du musicien de l’avenir, à la condition qu’elles fussent plus mélodiques et moins bruyantes.

Challemel, mis au courant de « la passion » d’Edmond Adam pour moi par Ronchaud, commençait à me taquiner, me demandant des nouvelles de mon cœur chaque fois qu’il me rencontrait. Je ne l’obligeai à cesser ses plaisanteries qu’en lui disant :

« Challemel ; vous êtes bon, et vous me faites mal. Les chagrins que j’ai ne peuvent avoir qu’une consolation : le respect absolu de mes amis. »