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crimes sans être renversé, mais s’il s’unit à ceux qui attaquent les croyances de sa nation, il sape lui-même sa propre base. Un gouvernement, quel qu’il soit, ne trône sur terre qu’accroché aux nuages sur lesquels Dieu trône au ciel. »

Arlès-Dufour, qui ne quitte pas Paris en ce moment, nous invite à dîner « au cabaret », Mme  Charles Reybaud, le docteur Ivan, Louis Jourdan, Lambert-bey, Girardin et moi.

Arlès-Dufour est très mêlé aux pourparlers du traité de commerce. L’Empereur le fait appeler presque journellement. Il se dit aussi passionné du traité de commerce pour la France que ses amis Cobden et John Bright le sont pour l’Angleterre. Tous trois répètent la même chose : « C’est un demi-siècle de prospérité pour les deux pays. »

Arlès-Dufour, que Napoléon III avait en estime parce que c’était un désintéressé, un sincère, et que l’espèce en devenait chaque jour plus rare autour de lui, nous raconta à table les propos qu’il venait d’échanger avec l’Empereur.

À moitié interrogé, il s’était laissé allé à parler du saint-simonisme et des rêves de l’École que lui, Arlès, gardait intacts au fond de sa pensée, les croyant toujours réalisables.

Napoléon III lui dit tout à coup : « N’admettez-vous pas qu’on a un peu raison quand on vous appelle toqué, mon cher M. Arlès ?

— Oui, Sire, je suis toqué, répondit Arlès-