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allait faire ! Il me sembla que je perdais un guide, un appui, et je l’émus par mon chagrin. « Quelques mois sont vite passés, me dit-elle, et je vous écrirai souvent. »

Je lui demandai l’autorisation de lui dédier Mon village, dont je lui contai les aventures avec Hetzel ; je n’ajoutai pas que c’était sur les conseils de George Sand que j’avais fait ce livre. Elle aurait vu là quelque chose comme une infidélité ; c’est pourquoi je désirais que ce volume fût placé sous son patronage, et j’écrivis à George Sand pour lui expliquer le sentiment qui m’inspirait. Elle me répondit par une lettre très maternelle, me disant qu’en amitié le premier devoir était de ne pas causer de chagrin à ceux dont on se croyait amie.

Dans les derniers jours de décembre parut l’affreux livre Lui et Elle, diatribe basse, acte d’accusation qui reste la honte de celui qui l’a écrit. J’aurais couru tous les risques pour dédier Mon village à George Sand, si un tel livre avait paru avant que je parle de cette dédicace à Mme d’Agoult, qui ne m’écrivit pas un mot sur Lui et Elle ; mais je sus, hélas ! par de Ronchaud, qu’elle n’en était point indignée.

L’année nouvelle eut ses éclaircies et ses renaissances. L’amour de la liberté, timide encore, se fortifiait dans les classes supé-