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Le vice leur a été décrit et dépeint à satiété, jusqu’à leur faire croire, à eux et surtout aux étrangers, que dans toutes les classes de notre France la corruption règne en maîtresse absolue.

Grande émotion chez les « païens ». De Ronchaud nous raconte l’exaltation de Berlioz à propos de la reprise de l’Orphée de Gluck, qu’il prépare avec Mme Viardot pour le Théâtre-Lyrique. Pauline Garcia, la sœur de la Malibran, y est, paraît-il, incomparable.

Nous, les païens, nous serons là à la première ; de Ronchaud et moi nous avons une baignoire avec une place pour Ménard. Le fauteuil de Saint—Victor à l’orchestre est très près de nous. Enfin, nous allons être vengés d’Orphée aux Enfers !

Le grand soir arrive. Nous écoutons dévotement Mme Viardot. Soutenue par Berlioz et approuvée par Carvalho, elle a supprimé les concessions que Gluck avait faites à Legros et qui agrémentaient exagérément un rôle si sobrement pathétique, si grec, dans le vrai sens tragique du mot, comme nous le comprenons tous trois.

Mme Viardot est sublime. Elle nous fait entendre la voix même d’Orphée. Son geste, sa physionomie, ont les expressions de la douleur