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ponction mystique vraiment cocasses, tandis que, d’autre part, il niait la puissance du sentiment et de l’idéalisme.

Le Maître, converti par Clotilde, affirmait que le sentiment doit réglementer la vie ; le disciple prétendait que « l’amour est une institution qui tend à disparaître ». Mais il n’eût pas fallu conclure de là que maître et disciple n’étaient pas en accord parfait.

Quel mépris, quelle accusation d’enfantillage quand je parlais de mes dieux homériques !

« Vous vous attardez dans la phase métaphysique, dans la recherche de l’absolu, c’est-à-dire des absurdes causes premières et finales, » me répétait mon mari.

Je pris à cette époque pour le positivisme l’une de ces horreurs… « L’humanitarisme, déclarait en pontifiant M. La Messine, est tangible. On sait ce qu’il est, d’où il vient, où il va. La justice immanente est autre chose que la justice partiale, capricieuse, d’un Jéhovah, d’un Jupiter, d’un Dieu trinitaire incompréhensible, oui, autre chose que l’hypothétique justice éternelle ! Penser que l’avenir vivra de nous comme nous vivons du passé, se dire que notre corps ira féconder la nature comme elle nous a fécondés, voilà le certain, le positif.

— Peuh ! tout cela est archi-fuyant, répliquais-je ; vous vous diluez dans l’universel, vous, votre pensée, votre conscience, votre morale, vos responsabilités, parce que vous