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About gagnait de l’argent et il en tirait un peu de vanité, lui qui, quelques années auparavant, était dans une gêne extrême, mais sa générosité s’accroissait en raison de sa fortune. Lorrain, ayant la passion de sa province, il protégeait tous les Lorrains et nous parla de deux de ses compatriotes avec enthousiasme. J’entendais pour la première fois leur nom : Erckmann et Chatrian. About me dit qu’il m’enverrait le Docteur Mathéus « Ils collaborent à distance de façon entière, ajoutait About, mais ils ont « l’accord intérieur » qu’a tout Lorrain avec un autre Lorrain… »

Après ces mots, prononcés lentement, About garda un instant le silence comme pour se recueillir. Je regardai Sarcey, qui eut l’air de me dire : « C’est grave. »

« Erckmann et Chatrian, continua About avec émotion, apprendront à la France des choses qu’elle ne sait pas sur le premier Empire, sur la Révolution, sur la bravoure de nos chères provinces de l’Est. Je connais leur but, ce sera de faire aimer à tout Français les pays de frontière, surtout ceux-là qui touchent à l’Allemagne, car l’Allemagne, entendez-vous, veut nous les prendre ! »

Nous avions sous les yeux un autre About, que j’ai retrouvé plus tard, patriote ardent et inquiet, parce qu’il a toujours craint et toujours su le danger germanique.

À peine « arrivé », comme on dit aujour-