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princesse Clotilde, fille de Victor-Emmanuel, officiellement annoncé pour le 30, complète la preuve que le gouvernement impérial est sur le point de réaliser la volonté suprême d’Orsini.

Les sermentistes triomphent, répétant que l’opposition des « cinq » oblige seule l’Empereur à entrer dans la voie du libéralisme au dehors, conversion qui provoquera fatalement la marche vers ce libéralisme à l’intérieur.

On tenait dans notre milieu d’importants conciliabules. « Cet homme », oppresseur de la France, allait-il devenir le dispensateur des libertés nationales chez les autres ? On ne parlait plus que des voies mystérieuses de la Providence ou de la logique supérieure des faits, selon qu’on était croyant ou libre-penseur. En tout cas, on se disait que la tyrannie était touchée.

J’avais, très jeune, appris mon a-b-c-d politique dans la Démocratie pacifique, et Toussenel tenait toujours en mon esprit la place d’un initiateur. J’étais attristée qu’il n’eût rien répondu à l’envoi de mes Idées anti-Proudhoniennes ; mais un beau jour le docteur de Bonnard, qui lui rappelait mon livre, le vit se frapper le front, se désoler et courir à un tiroir, d’où il tira une lettre pour moi, datée du 7 octobre 1858. À son départ pour une saison de chasse, il avait oublié de m’envoyer sa lettre.

Toussenel me félicitait chaleureusement. J’étais l’une des réalisations de « la formule du