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Littré, vous faites de l’esprit, c’est-à-dire que vous parlez pour parler, vous posez pour l’un de vos types. En ce moment, vous faites votre Stendhal.

— Littré, vous osez ! s’écria Dupont-White en colère.

— Croyez-m’en, monsieur Littré, dit Tribert pour détourner le tout petit orage qui menaçait de gronder, car Dupont-White fort emporté, assez goguenard vis-à-vis des autres, n’admettait guère qu’on le plaisantât. Croyez-moi, votre « Loi », ce cadre mort qui contient d’après vous toutes les manifestations de la vie, est trop arrêtée, trop circonscrite pour nos imaginations françaises.

— Votre Loi immuable et parfaite, pourrait à la rigueur être acceptée pour les corps, dis-je à mon tour, mais comment n’avez-vous pas un autre classement pour les manifestations de l’intelligence ?

— Parce qu’il n’y a pas d’intelligence pure, répliqua vivement Littré, il n’y a pas de dualité. Les phénomènes de l’esprit émanent des corps et sont soumis aux lois fatales qui régissent la nature. Il n’y a pas de lumière sans corps lumineux, pas de vie sans organes, pas d’esprit sans matière.

— Des véhicules ne sont pas des essences, répliquai-je. Le passé de l’époque homérique, monsieur Littré, nous a donné une poésie des choses qui permet de croire que l’avenir nous appor-