Page:Adam - Mes premières armes littéraires et politiques.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je réponds à toutes ces interrogations si indiscrètes.

« Avez-vous des enfants ? ajoute M. d’Arpentigny

— Une fille.

— Très bien. Etes-vous mère passionnée ?

— Naturellement, monsieur, mais de grâce…

— Je n’ai pas fini ; il me reste une dizaine de demandes à vous faire et vous les subirez, ma chère enfant. L’amitié de George Sand est par moi estimée si haut que, quand je suis autorisé à en surveiller les abords, je fais mon inspection en conscience. Répondez donc. Ecrivez-vous pour écrire, ou pour être célèbre, ou pour étendre le cercle de vos adorateurs, car vous êtes adorable, belle dame. »

Le compliment était si sec, si impertinent, qu’il me fit venir les larmes aux yeux. Ma réponse plut cependant au féroce capitaine, car il me répondit avec un demi-sourire :

« Parfait ; maintenant montrez-moi votre main. »

Je la lui donne. Il la tourne, la retourne, comme on fait d’une marchandise sur un étal. Il regarde dedans pour y lire. Sa figure alors s’éclaire et prend tout à coup un air de bonhomie qui en transfigure complètement l’expression :

« Ah ! ah ! s’écrie-t-il, voilà une main loyale, et nous allons conclure notre marché. »

Puis, continuant son examen, il pousse des