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vitesses d’ouragan, on tremblait pour l’homme au masque blanc, embéguiné de toile noire tout autour. Spectre qui se cramponnait au volant, qui semblait un être de féerie courant au sabbat sans toucher terre. Le deuxième jour, de onze heures à midi, ces masses de fer et d’intelligences hardies se suivirent coup sur coup. On eût dit qu’une série de bolides s’abattait sur la terre de la Sarthe, apportant au monde une nouvelle vie puissante et dangereuse. L’amalgame de l’homme et du métal paraît accompli. Baras et Brasier ne furent qu’une seule créature infernale crevant l’air de sa vigueur. Vers midi et demi, la voiture rouge de Szisz se révéla, dégringolant du ciel, suscitant les rumeurs d’un peuple. Derrière l’armature entr’ouverte montrant les cylindres et le radiateur, ces deux hommes crispés furent à peine discernables. L’ensemble dansait sur le cadre trépidant. Après avoir dépassé au loin les milliers de mains tendues, les cris des femmes, les gesticulations des amateurs, ils revinrent, selon une vitesse modérée, jusqu’à leur baraque. À peine y furent-ils qu’on les arrachait de la carapace triomphale. Une jeune personne en blanc se précipitait au col de Szisz, l’embrassait passionnément. Puis ses amis l’entraînaient vers la tribune du ministre, vers les trônes dorés. Là, dans une cohue de gens célèbres, le héros en serge brune, tout ruisselant de sueur, recevait des remerciements qui firent pleurer l’émoi des belles dames sensibles. Aussitôt il était saisi par des mains fraternelles, hissé sur les épaules et ramené, comme un nouvel empereur romain, dans son palais de toile verte.

Une heure plus tard, l’enthousiasme ne fut guère moindre, quand les Italiens applaudirent la Fiat de leur Nazzaro,