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Bientôt le glorieux romancier enregistrera les sinistres expériences de Bouvard et Pécuchet, incapables de trouver dans les sciences la certitude que l’ermite ne put obtenir des dieux successifs. À la même heure Schopenhauer promulgue la thèse du pessimisme. La douleur est le fait positif ; le plaisir un intervalle entre deux peines : le désir et le regret. À quoi Dumas et Michelet ne trouvent de remède que dans l’amour et l’altruisme. Et le socialisme s’accroît, invite rudement les privilégiés à sacrifier leur aise pour le bien des malheureux. La vieille doctrine des saint-simoniens, l’humanisme et la justice se transforment, définis par les Proudhon, les Blanqui, les Benoît Malon. Le problème s’étrécit dans la question industrielle. L’économisme, pour l’élite, se substitue aux théories morales. On discute « la loi d’airain » ; on ergote sur l’offre et la demande ; on commente les statistiques ; on suppute les conséquences des nouvelles transactions facilitées à l’infini. Le mercantilisme naît, un mercantilisme étendu, élargi, mercantilisme scientifique appuyé sur les découvertes des ingénieurs, sur le machinisme, sur la chimie industrielle et agronomique ; mercantilisme entaché de positivisme étroit, de luxe outré, de dévotion à la richesse, seul étalon du mérite et du démérite ; mercantilisme excusé par l’accession libre au succès, la revision constante des charges sociales, le secours du crédit, la fraternité des capitaux