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lui, plutôt que de transiger sur la théorie pure, le comte de Chambord, loin de séduire par la grandeur de son idée ces parlementaires, les fatigua. Ils étaient les hommes du compromis, de la transaction. Il leur parut une sorte de poète, de saint légendaire, quelqu’un d’improbable et de fantastique. Et leur dévouement se relâcha. D’ailleurs le maréchal avait dit que l’armée entière s’opposerait au changement de drapeau ; que les chassepots partiraient tout seuls contre qui l’imposerait. L’opinion du maréchal, ils ne la discutaient point. De fait, les militaires se fussent probablement résignés, si les droites eussent tenu bon. Le maréchal seul ferma la porte de la France aux fils des Bourbons, dans l’heure même où le vote de l’Assemblée lui assurait, pour sept ans, l’exercice du pouvoir. Pendant sept années, les monarchistes comptaient saisir l’occasion de relever le trône, sans avoir à craindre les chassepots d’une armée mieux assagie.

Le 20 novembre 1873, à deux heures du matin, le système royal prit fin, et pour jamais sans doute, en France. En votant, la droite pensait avoir seulement reculé la date d’une victoire moins périlleuse, plus triomphale. Elle avait condamné définitivement le catholicisme et la monarchie.