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jusqu’à l’événement souhaité, jusqu’au moment où il fallut renoncer à le voir surgir. C’est, ivre de paroles et de gestes, un peu débraillé, sonore et naïf, un Gambetta redoutable, patriote, généreux, couvrant de ses prosopopées tonnantes le bon sens et la logique d’un Parlement froid, compassé, pénétré de son importance, mais ignorant, indécis, peu sagace malgré ses lunettes d’or et ses favoris blancs, encore tout étourdi par les violences de la guerre, la chute d’un empire et l’aventure sanglante de la Commune de Paris. Parlement de vieillards en deuil, solennels, trembleurs, parfois coléreux, que la démagogie effare, que le Prussien offense, que les princes déçoivent, que M. de Broglie contient, que le maréchal rassure, que M. Thiers inquiète, que Gambetta révolte, que le comte de Chambord déconcerta.

Peu lyrique, peu romanesque, cette Assemblée ne comprit guère qu’il refusât le trône présenté dans le drapeau tricolore. La métaphysique du prince lui demeura tout abstruse. À déclarer ne point vouloir être le roi de la Révolution ; à décider que sans le principe de légitimité absolue et sans le symbole de l’étendard blanc, il ne serait plus, en France, qu’un gros homme boiteux ; à prétendre n’accepter le trône que du « bon Dieu » et non de l’Assemblée ni du peuple ; à risquer de tout perdre, sa descendance et