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» Mieux vaudrait le bûcher dernier
» Que ces lentes pointes d’épingles !

» Avec quels sourires j’attends,
» Après les coups de la cognée,
» L’effort des câbles insistants !
» Fin du supplice, — bien gagnée !

» Tout sort m’apparaît moins amer !
» Je préfère, à ce long outrage,
» Sombrer, ais de terre ou de mer,
» Dans l’incendie ou le naufrage !

» Au lieu de moisir incrusté
» Dans ce tuf que le silex pave,
» Quel bonheur, sur l’onde emporté,
» De voguer proue, et même épave !

» De voir s’abaisser les niveaux
» De ces lointains invariables ;
» D’aborder, aux pays nouveaux,
» Les destins rêvés, enviables !

» Après l’inerte fixité,
» La mort, la nature asservie,
» Connaître la mobilité,
» Le hasard, — l’imprévu, — la vie !

» Heureux le libre moucheron
» Qui s’élance aux rives prochaines !
» Je bénirai le bûcheron
» Dont la hache rompra mes chaînes !


V



La voix se tut dans l’air altier.
L’insensibilité du marbre,
L’égoïsme du globe entier
Accueillit les plaintes de l’arbre.