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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Oh ! certainement ! Et il s’en va. Au fond il est très heureux d’être débarrassé des soucis de son ménage. Il n’a plus qu’à se préoccuper d’être un homme du monde accompli et un fiancé prévenant. Ces dames se sont assises à l’ombre, sur le gazon. Comme il vient vers elles, avec un air dégagé, elles attendent de lui une phrase décisive où se mêlent la nature, la campagne et l’amour. Il leur déclame :

Tityre, tu patulœ recubans sub tegmine fagi
Sylvestrem tenui musam meditaris avena...

— Vous êtes vraiment trop aimable, répond Marie en rougissant. Je suis confuse... — Mais je vous parle latin, excusez-moi. C’est le professeur qui l’emporte sur le jardinier. Les citations latines sont comme des oiseaux qui s’ébattent et pépient dans mon esprit. On n’empêche pas les oiseaux de voler. Ainsi, quand je pense à vous, mademoiselle Marie, je me dis : Amor a Mariâ. — C’est exquis ! Ça signifie : « J’aime Marie. » — Non. « Je suis aimé de Marie. » Le complément des verbes passifs se met à l’ablatif, précédé de « a », si le complément est un nom de personne. A l’ablatif simplement, si le complément est un nom de chose. Ainsi je dirais si vous ne m’aimiez plus : « Mœrere conficior. Je suis accablé de chagrin. » Vous comprenez ? — Très bien. Vos explications sont si claires... Seulement je me demande ce que c’est que l’ablatif, auquel vous faites allusion. — Je vous le dirai plus tard... — C’est donc une chose qu’on ne doit savoir qu’après son mariage ? M. Hyacinthe ne répond pas. Il a pris dans le creux d’un arbre certain paquet mystérieux, enveloppé dans un journal : — Mademoiselle Telcide, permettez-moi de vous offrir ceci... — Qu’est-ce que c’est ? — Une touffe d’orties blanches... J'ai entendu vos plaintes...