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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— J’obéirai. J’obéis toujours.

— Et vous commencerez : » Mademoiselle, je m’adresse à vous comme à la représentante la plus qualifiée de la famille Davernis, que je vénère et que je respecte… »

M. Hyacinthe croit utile de répéter :

— Que je vénère et que je respecte !

— « J’ai l’honneur de solliciter de vous la main de votre charmante sœur, Mlle Marie… »

— Je n’oserai jamais…

— À ces mots, comme le corbeau de la fable, ma cousine Telcide ne se sentira plus de joie, elle ouvrira un large bec et tombera faible… Vous lui présenterez des sels, dont vous n’aurez pas oublié de vous munir… Vous la ferez revenir à elle et à vous… Dans un joli sourire, elle s’éveillera pour vous dire : « Je vous la donne. »

— Ah ! merci ! merci !…

M. Hyacinthe qui croit y être, est si ému qu’il baise les mains d’Arlette. Il y a des larmes dans ses yeux.

— Attendez… attendez… Vous n’y êtes pas encore… Ça viendra… Mais il faut vous secouer un petit peu… Il faudra vous forcer, mon ami !…

Ce « mon ami » a le don de cingler la petite vanité du professeur. Il se redresse. Il tire ses manchettes de celluloïd, qui préservent ses manchettes blanches…

— Vous pouvez compter sur moi… J’oserai… Je l’aime tant, Marie !… Après les vêpres… ma redingote… mon chapeau… Je sonne… Telcide m’ouvre… Ernestine est au salon…

— C’est le contraire… mais peu importe…

Comme Arlette s’est levée, estimant sa mission remplie, il lui serre affectueusement la main et la reconduit jusqu’au portail. Il se disent au revoir parmi les cris des joueurs de cache-cache, qui se chamaillent parce que l’un d’eux a été pris alors qu’il avait demandé « pouce ».

Arlette rentre à la maison. Elle est heureuse. Ces premières fiançailles seront le prélude d’autres. Quel obstacle pourrait survenir ? elle n’en prévoit aucun. L’avenir est radieux. Pourtant elle s’étonne que Marie ne se précipite pas à sa rencontre.