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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

— Non, elle ne m’aimait pas… Quand nous étions ensemble, nous parlions chasses, voyages, réceptions…

— Pourquoi vous épousait-elle ?

— Je vous l’ai dit… Parce que… parce qu’il y avait nos familles, nos âges et nos châteaux… Ces questions-là remplacent trop souvent l’amour… Hélas !

— Comment lui avez-vous signifié que c’était fini ?

— Je ne lui ai rien signifié du tout. Je me suis contenté de lui montrer que j’avais aussi une certaine volonté et que son caractère, dans ses offensives futures, devrait compter avec elle. Elle a préféré ne pas faire l’essai. Elle a rompu. Et voilà !

— C’est très bien !…

— Comme une confidence en vaut une autre, vous allez maintenant m’avouer quels sont les méchants potins qu’on vous a colportés sur mon compte…

Arlette refuse de répondre. Son visage, qui dépasse le contrefort, est en pleine lumière, c’est-à-dire qu’il reçoit la pâleur des soirs de printemps. Jacques doucement essaie de l’attirer plus près de lui. Dans l’ombre, les phrases les plus graves tombent plus facilement. Mais elle résiste. Cette lueur est sa sauvegarde.

Comme il la supplie, elle finit par dire :

— Sachez seulement qu’on m’a révélé des choses très graves sur vous…

— Et vous les avez crues ?

— Franchement ? oui.

— Pourquoi ?

— Parce qu’au moment où on me les glissait en douceur, vous n’étiez pas près de moi…

— Et maintenant ?

— Je ne les crois plus…

— Vous êtes gentille… Mais tout de même je préférerais connaître ce dont on m’accuse…

— Chut !

Elle lui pose sur les lèvres sa main gantée.

— Pourtant ?

— Peu vous importe… puisque c’est fini… Je vous jure que je n’ai plus aucune arrière-pensée contre vous… Cela doit vous suffire…