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CES DAMES AUX CHAPEAUX VERTS

Est-ce que par hasard, monsieur Hyacinthe, à vos défauts déjà si nombreux, vous joindriez celui d’être têtu ? Comme ce serait laid, à votre âge !

— Ici vous gênerez la circulation… Vous êtes dans le passage… on vous bousculera…

— Ce ne sera pas la première fois !

— Allons ! soyez raisonnable… Si vous vous obstinez, j’emporte votre valise au premier rang…

— Oh ! non…

Arlette, ayant saisi le sac, s’aperçoit, à la légèreté, que celui-ci est vide. Tremblant, à demi larmoyant, ainsi qu’un enfant à qui on a enlevé un jouet, le professeur tend des mains suppliantes.

Arlette, pour brusquer les événements, lui glisse la phrase qu’elle croit merveilleuse comme un philtre…

— Vous serez avec mes cousines Davernis aux places réservées. Ma cousine Marie a gardé à votre intention une chaise à côté de la sienne. Vous n’oublierez pas de la remercier…

Avec un mouvement fébrile de la tête, comme en ont les myopes dans leurs instants d’émotion, sans doute pour secouer le brouillard qui obscurcit leurs yeux, M. Hyacinthe se lève :

— Montrez-moi le chemin…

Tous deux traversent alors la salle immense. Ils doivent déranger cinquante personnes. En écartant les uns et les autres, Arlette répète comme une litanie : c Pardon, monsieur… pardon, madame… »

Au moment d’arriver, elle se retourne vers le professeur qui souffle :

— Désirez-vous me confier votre sac ? Je le mettrai en sûreté dans un coin des coulisses…

— Non. Je le garde… C’est ma bonne qui m’a recommandé de le prendre pour y mettre mes lots…

— C’est que je ne sais si vous réussirez à vous installer avec ce colis…

— Je réussirai…

Au grand ébahissement de Jacques de Fleurville, il parcourt les derniers mètres en levant la valise au-dessus de sa tête et en marmottant quelque chose :

— Vous dites ? s’inquiète Arlette.

— Je ne dis rien… Seulement une phrase me revient