Page:Ackermann - Pensées d’une solitaire, 1903.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XVI
MADAME LOUISE ACKERMANN

donné, nous sommes tout surpris de les trouver épanouis et rayonnants dans notre ciel intérieur. »


Cependant l’année terrible arriva. Mme Ackermann ne put se résigner à rester à l’abri de l’invasion et vint s’enfermer dans Paris assiégé, avec l’utopique et candide espoir qu’avoir connu à Berlin la princesse Augusta, devenue la reine actuelle, et savoir l’allemand, la pourraient rendre peut-être de quelque utilité à son pays l’heure venue.

La guerre lui dicta des vers cornéliens :

Ô guerre, guerre impie, assassin qu’on encense !
Je resterai navrée, et dans mon impuissance,
Bouche pour te maudire, et cœur pour t’exécrer !

Le Cri, cité depuis tout au long par Barbey d’Aurevilly, qui le juge plus beau que le défi d’Ajax aux dieux : « J’en échapperai malgré vous ! » date également de cette époque bouleversée :

Lorsque le passager, sur un vaisseau qui sombre,
Entend autour de lui les vagues retentir,
Qu’à perte de regard la mer immense et sombre
           Se soulève pour l’engloutir,