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XIII
MADAME LOUISE ACKERMANN

Et ces vers d’anxieuse interrogation à Pascal :

Tu nous en fais l’aveu : si quelque chose au monde
T’a jamais irrité, Pascal, et confondu,
C’est que l’on pût dormir en une paix profonde,
Lorsque sur un abîme on se sait suspendu ;
C’est un monstre pour toi que cette indifférence.
Quoi ! ne point s’enquérir du suprême secret
Qui doit remplir nos cœurs d’horreur ou d’espérance ;
Rester dans l’insouci du suprême intérêt ;
Aux choses d’ici-bas restreindre notre envie ;
Sur des spectacles vains tenant fixés nos yeux,
Passer sans demander autre chose à la vie
Que son voile d’un jour pour nous cacher les cieux !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Entre une pièce et l’autre, il y avait souvent des années de silence. C’est seulement lorsque j’étais trop fortement saisie par une idée que je me décidais à l’exprimer[1]… » Et l’expression la rend à son tour si impressionnante, que si quelques vers cités au hasard surprennent tout à coup, dans un journal ou une revue, il les semble lire pour la première fois, tant ils frappent.

Mme  Ackermann descendait parfois de « sa montagne » à Nice. On montait la voir. Sa retraite devenait un lieu de pèlerinage.

  1. Autobiographie.