Page:Ackermann - Le Déluge, 1876.djvu/3

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE DÉLUGE

à Victor Hugo.





LE VIEUX MONDE
. . . . . . . . . . . . . . . .

Dieu l’a dit : ne va pas plus loin, ô flot amer !
Mais quoi ! tu m’engloutis ! au secours, Dieu ! la mer
Désobéit ! la mer envahit mon refuge !

LE FLOT
Tu me crois la marée, et je suis le déluge.
Epilogue de l’Année terrible.



Tu l’as dit : C’en est fait ; ni fuite ni refuge
Devant l’assaut prochain et furibond des flots.
Ils avancent toujours. C’est sur ce mot, Déluge,
Poëte de malheur, que ton livre s’est clos.
Mais comment osa-t-il échapper à ta bouche ?
Ah ! pour le prononcer, même au dernier moment,
Il fallait ton audace et ton ardeur farouche,
Tant il est plein d’horreur et d’épouvantement.
Vous êtes avertis : c’est une fin de monde
Que ces flux, ces rumeurs, ces agitations.
Nous n’en sommes encor qu’aux menaces de l’onde ;
À demain les fureurs et les destructions.



Déjà depuis longtemps, saisis de terreurs vagues,
Nous regardions la mer qui soulevait son sein,