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boutons, de timbres, d’ascenseurs, toutes choses qui me choquent et m’irritent. Si je ne l’avais pas fait pourtant, j’aurais été considérablement diminué aux yeux de mes hôtes. Ce n’est que plus tard que je pus choisir un hôtel plus tranquille et moins éblouissant. Les reporters ne me laissaient pas de repos et publiaient les plus fantastiques renseignements. Dans ce pays, un personnage n’intéresse que s’il est « lionisé ». On me « lionisait ». « Où habitez-vous à Paris ? » me demandait un journaliste. « Au Pavillon des Muses, construit pour Louis XVI », répondais-je, et le lendemain je lisais cette phrase : « Au pavillon bâti par Louis XVI lui-même, pour les ancêtres de M. de Montesquiou. » On prit de moi cent photographies, qui furent reproduites deux cents fois chacune. Quatre semaines s’écoulèrent. Vingt-cinq dames m’avaient accordé pour ces conférences leur patronage. Les villes américaines sont des ruches d’abeilles, et chaque ruche a sa reine. La reine de New-York est Mme Astor ; c’est elle qui me présenta au monde élégant. Les dîners, les bals, les soupers se suivaient presque sans relâche et, ainsi, à me voir, à m’entendre, la société démêlait elle-même ce qu’il y avait de légende, de blague et de vérité dans tout ce qu’on racontait de moi.

« Au bout de ces quatre semaines, je donnai la première de mes conférences. La liste que j’avais établie avant mon départ en comprenait sept, dont les titres sont de ceux qui font rêver et réfléchir. Elle eut lieu au fameux restaurant Sherry, devant