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point réfléchi. En tout cas, le plébiscite ne me tente pas du tout, et il me semble que si le président de la République voulait lire plus attentivement la Constitution, il y trouverait bien des droits qu’il paraît ignorer. J’aimerais aussi qu’il y eût une manière de Conseil d’État chargé d’étudier les lois proposées par les députés. Enfin…

— Enfin, interrompis-je, vous regrettez le grand parlementarisme d’autrefois, le parlementarisme de la Restauration et de la Monarchie de Juillet ?

— Oui ! oui ! murmura M. Denys Cochin ; c’est bien cela ; mais je n’espère point qu’on y revienne.

Comme s’il suivait un rêve intérieur, M. Denys Cochin demeurait silencieux et sans doute évoquait-il en son esprit l’image des grands libéraux de naguère, dont il peut justement se réclamer. Pour rien au monde, je n’eusse troublé cette intime songerie, et mon regard s’arrêta sur une Course de taureaux, de Manet, dont la lumière du matin, plus vive maintenant, faisait valoir la curieuse et impressionnante couleur. M. Denys Cochin vit mon admiration :

— Vous aimez la peinture ! s’écria-t-il, — et, sans même me laisser lui répondre : — Eh bien ! venez voir mes tableaux.

Dans le petit salon où nous étions, des Jockeys, de Degas, s’accrochaient à côté du Manet, non loin d’un Corot, de Rome, et d’un autre, plus récent, représentant un coin de canal, dans le Nord. Un portrait de Renoir pendait au mur, avec