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M. Thiers, il voulait réparer le plus vite possible les ruines de toutes sortes dues à la guerre et à l’insurrection, et il travaillait sans relâche ; c’est ce qui l’a tué ; il n’avait que quarante-huit ans… Moi, j’étais entré dans le laboratoire de Pasteur : les sciences m’attiraient plus que toute autre chose : je suis resté là cinq ans, et puis, un beau jour, je me rendis compte que je ne découvrirais jamais rien de très étonnant… Oh ! j’en fus ennuyé, je vous l’assure !… Je me consolai en me livrant à la philosophie ; j’ai même écrit deux livres : L’Évolution et la Vie, résumé de mes études auprès de Pasteur, et Le Monde extérieur.

— Mais, fis-je, étonné par ce dernier titre, la thèse de docteur de M. Jaurès !

M. Denys Cochin sourit modestement :

— Oui, oui, Jaurès a traité à peu près le même sujet que moi.

Puis, comme une suite toute naturelle, il ajouta :

— Alors je devins conseiller municipal.

Savant, philosophe, conseiller municipal, curieuses étapes d’une carrière, dont les deux premières ne conduisent guère, d’habitude, à la troisième ! M. Denys Cochin devina ma surprise :

— Vous pensez que je suis devenu conseiller municipal, comme ça, sans raison, pour être quelque chose ? Tranquillisez-vous. Tous les membres de ma famille, si loin que je puisse remonter dans l’histoire, ont appartenu à l’administration municipale. Un Cochin fut échevin de Paris sous saint