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M. DENYS COCHIN

Comme j’entrais chez M. Denys Cochin, je l’aperçus tout en haut de l’escalier ; il avait couvert sa tête d’une manière de petite calotte verte, et son veston relevé pour cacher l’absence du faux-col indiquait que je le surprenais un peu trop tôt. Neuf heures avaient à peine sonné, les domestiques en étaient encore à ordonner l’appartement et, sans doute, l’honorable député, après le beau discours prononcé la veille, à la Chambre, n’aspirait qu’au repos. Je faillis m’en aller, mais je n’en eus pas le temps, une porte s’ouvrit, je pénétrai dans un cabinet, quelques minutes s’écoulèrent, et M. Denys Cochin apparut. Il avait abandonné sa coiffure matinale et le ruban de la médaille militaire parait sa boutonnière. Sous la moustache épaisse, les lèvres souriaient, et les yeux, petits et vifs, enfoncés sous l’arcade sourcilière, me regardaient curieusement. Avec sa haute taille, sa large barbe, son nez charnu, on eût dit un bon géant