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Et, s’étant tu un instant, il ajouta :

— On me prédisait la tape, la tape sérieuse, vous savez.

— Allons, voyons, demandai-je, puisque vous y voilà, racontez-moi l’histoire de votre pièce, car elle a une histoire, n’est-ce pas ?

M. Wolff regagna la cheminée.

— Oui, en effet. Le Secret de Polichinelle reçu au Gymnase, on veut me faire passer en premier, en octobre : je refuse, on insiste, je refuse toujours et je retire ma pièce. Je la porte à Samuel, en le prévenant qu’elle ne convenait pas du tout aux Variétés. « Je la connais, celle-là ! » dit Samuel, Deux jours après je reçois une dépêche ainsi conçue : « Tu me fais pleurer depuis deux heures. Arrive. » J’arrive. Samuel sèche ses larmes, veut monter tout de suite la comédie, appelle Huguenet, lui offre un engagement. Sur ces entrefaites, le Gymnase me réclame ce qu’il croit son bien ; je traverse le boulevard et, fort de ma situation, j’impose Judic. On répète, on me prophétise un four ; moi, je ne savais pas : sait-on jamais ? Et voilà. Ça me fait en tout quatorze pièces. Ça compte déjà !

Des minutes s’enfuirent. M. Pierre Wolff exaltait Mme Judic et exaltait Huguenet : maintenant son cœur débordait de reconnaissance pour ses deux merveilleux interprètes et il ne séparait pas son succès du leur.

— Tout de même, fit-il, depuis hier le nombre de mes amis a triplé pour le moins. Des gens que