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bert Wolff ! s’écrie Antoine ; je ne vous en complimente pas. » Mon oncle ne pouvait supporter le Théâtre-Libre et ne cessait de le combattre. Cependant j’exprime mon désir à Antoine, il me donne rendez-vous pour le lendemain, et, le lendemain, mon acte entre en répétitions. Antoine tenait sa vengeance : le neveu de son ennemi faisait jouer chez lui une comédie du plus effréné réalisme, et je vous prie de croire qu’Antoine ne se privait pas d’ajouter chaque jour un mot de farouche crudité. La pièce fut représentée dans un charivari de sifflets et d’apostrophes. Mon oncle ne me parla pas durant un an et demi. Ce fut seulement à la première de Leurs Filles qu’il adora ce qu’il avait brûlé, serra Antoine dans ses bras et me jugea digne de nouveau de son affection.

La petite bonne réapparut : elle apportait toujours des télégrammes.

— Encore, Monsieur, encore ! s’exclamait-elle.

— C’est elle, fit M. Wolff en la désignant, qui a connu la première ma pièce du Gymnase, mais elle avait débuté par le second acte qu’elle trouva un matin sur mon bureau. Alors, comme elle ne comprenait pas très bien, elle me demanda à lire le commencement. C’est un phénomène, Mariette.

Cette fois, M. Wolff avait déserté la cheminée ; il avait poussé jusqu’à sa table et ses yeux s’arrêtaient sur les coupures de presse qui, à travers la France et le monde, annonçaient son éclatant succès.

— Ah ! oui, fit-il, excellente critique, excellente, excellente.