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96 PETITES CONFESSIONS.

fois, ces mêmes conditions ? En bon journaliste, je le persuadai de n’admettre à ses confidences nul de mes confrères. L’avenir devait largement me montrer combien peu il tiendrait compte de ces conseils de discrétion.

Notre conversation cessa quelques minutes : un domestique apportait sur l’épaule un plat immense couvert de tasses, de petites cuillers et de gâteaux, et le déposait sur une table pour la collation.

— Mais comment vivez-vous ici ? fis-je quand l’homme en habit se fut éclipsé.

— Les premiers jours, reprit-il, il nous semblait voir des détectives à chaque pas, et, en fait, il y en avait beaucoup, je crois bien. Maintenant, il n’y a plus que cet excellent SchAvartz, qui dort, mange, boit dans cet hôtel, et, impassible, attend que nous quittions en sourdine la ville pour nous arrêter. Mais le chef de la police genevoise est pour nous : « Ne cherchez pas à fuir, nous a-t-il dit, et je vous protégerai. » Nous ne cherchons pas à fuir, et il nous protège.

— Vous sortez souvent ?

— Presque tous les jours, à pied ou en voiture. Nous faisons des emplettes. Nous allons au théâtre aussi ; tenez, l’autre jour, lundi, nous y étions. On nous regarde bien un peu, et cela est ennuyeux.

— Une vie très simple, en somme ?

— Une vie très simple. La princesse, d’ailleurs, déteste l’étiquette, la pompe. Elle a passé récemment quinze jours à Paris, chez la princesse d’Isen-