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M. ANDRÉ GIRON

PRÉCEPTEUR

J’arrivai à Genève par un matin pluvieux et triste, et à peine descendu du train, encore mal réveillé d’un mauvais sommeil et grelottant du brouillard, je m’en allai vers l’hôtel d’Angleterre où, disaient les dépêches des journaux, habitait le couple fugitif de la princesse Louise de Saxe et de M. André Giron, précepteur. Le domestique, à qui je donnai une lettre de recommandation, la prit avec inquiétude… cinq minutes s’écoulèrent ; il revint en se hâtant, et fort respectueux, me pria de monter au premier étage.

Dans la chambre où j’entrai, un arbre de Noël se parait encore de quelques banderoles argentées et la table supportait les restes du petit déjeuner. À travers la fenêtre, j’apercevais le lac, noyé de brume. Une porte s’ouvrit, un jeune homme apparut et, tout de suite, je le reconnus. C’était celui que, quelques moments auparavant, j’avais vu, tête nue, debout sur le balcon de l’hôtel.