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JULES RENARD

« Oui… c’est un beau livre… un beau livre à écrire… les humoristes… Ah ! pauvres humoristes ! Le public ne les aime pas… tendres habitudes bouleversées, tranquillité d’âme détruite… Lui, il aime bien les écrivains faciles à classer, dont il peut de suite décréter s’ils sont drôles ou sérieux… Les humoristes ne sont ni l’un ni l’autre tout à fait. Volontiers, il les prendrait pour des fumistes… des Sapecks, ou des Lemice-Terrieux, mais il n’ose, par crainte de sembler manquer de jugement, et il leur en veut de jeter en son esprit de telles indécisions.

Le petit jeune homme écoutait, respectueusement, mais ça l’embêtait, tout de même… car lui aussi, il avait des idées innombrables et point banales, et il désirait follement placer quelques mots, deux ou trois seulement, mais de ceux qui font en une seconde passer un homme pour moins bête qu’il n’en a l’air. Anxieux il attendait que M. Renard mît un point final à ses phrases, et il attendait en vain et il se lamentait.

M. Renard disait que l’humoriste déteste